Presque sans exception, les milliers d'adultes qui ont participé à un atelier Gordon se sont cantonnés, lors des inévitables conflits avec leurs enfants, leurs élèves, leurs collègues dans 2 voies : la méthode autoritaire ou la méthode permissive.
Ce sont toutes les 2 des approches où il y a un gagnant et un perdant.
Les conflits sont perçus comme une lutte de pouvoir, un affrontement de volontés, un combat pour gagner.
Passons en revue chacune de ces méthodes pour aider à y voir plus clair.
Voici comment fonctionne la méthode autoritaire :
Quand un conflit survient entre un adulte et un enfant, l'adulte décide quelle doit être la solution, en espérant que l'enfant l'acceptera. Si l'enfant résiste, l'adulte menace d'exercer (ou exerce sur le champ) le pouvoir et l'autorité pour forcer l'enfant à se soumettre. >> L'adulte gagne et l'enfant perd.
Voici comment fonctionne la méthode permissive :
Quand un conflit survient entre un adulte et un enfant, l'adulte fait en général d'abord une tentative pour persuader l'enfant d'accepter sa solution.
Quand l'enfant résiste, l'adulte cède ou abandonne, en laissant l'enfant libre de choisir sa solution.
>> L'enfant gagne et l'adulte perd.
Dans la méthode autoritaire et permissive, l'attitude de l'adulte et de l'enfant sont : "Je veux obtenir satisfaction et je vais utiliser mon pouvoir pour l'obtenir." ou "Je veux que mes besoins soient satisfaits, même si ceux de l'autre ne le sont pas."
Alors il y en a un qui s'en ira en se sentant vaincu et le coeur souvent plein de ressentiment ou de rancune envers l'autre qui a gagné.
Dans la méthode Gordon sans perdant, l'adulte et l'enfant partent ensemble à la recherche d'une solution qui tiendra compte des besoins de chacun d'entre eux : personne ne perd, les 2 gagnent. D'où le nom de "méthode sans perdant"
Voici comment fonctionne la méthode sans perdant :
Quand un conflit surgit entre un adulte et un enfant, l'adulte demande à l'enfant de participer à la recherche commune de solutions acceptables pour l'un et pour l'autre. Chacun peut suggérer des solutions, qui sont alors évaluées ensemble. Une décision est prise ensemble sur la meilleure solution, puis on décide comment on va faire. >> Ni contraintes, ni rapport de forces. Personne ne perd.
En pratique
Pour montrer comment fonctionne chacune des méthodes, voici le récit d'un conflit entre une mère et son fils Eric, 4,5 ans. La mère est lasse et triste qu'Eric refuse de manger des légumes.
Mère : Je m'inquiète que tu ne manges pas tes légumes parce que je crains que tu n'absorbes pas assez de vitamines, et il t'en faut pour grandir, être fort et en bonne santé.
Eric : Je n'aime pas les légumes. Je les déteste.
Réponse avec la Méthode autoritaire
Mère : Ca m'est égal. Tu vas manger au moins la moitié des légumes que j'ai mis dans ton assiette. Sinon tu seras privé de dessert.
Réponse avec la Méthode permissive
Mère : Je ne sais plus quoi faire avec toi ! Tu sais que tu as besoin de légumes. Si tu ne les manges pas, c'est toi qui en souffriras. J'abandonne. Tant pis, ruine ta santé. Tu le regretteras.
Réponse avec la Méthode sans-perdant
(Rapportée par une mère qui a participé à nos ateliers)
"Un matin, après le petit déjeuner, j'ai appelé Eric. C'était le bon moment pour avoir une conversation et pour essayer la méthode sans-perdant car son émission de télévision préférée allait être diffusée dans moins d'une heure. J'ai exposé à Eric quel était le problème :"
Mère : Je m'inquiète que tu ne manges pas tes légumes parce que je crains que tu n'absorbes pas assez de vitamines. (Je lui avais déjà parlé de l'importance des vitamines dans la croissance)
Eric : Euh...
Mère : Papa et moi, nous en avons assez de te dire de les manger et de te punir quand tu les laisses dans ton assiette.
Eric : Je sais, mais je n'aime pas les légumes. Je les déteste.
Mère : Tu détestes vraiment manger les légumes !
Eric : Beurk.
Mère : C'est bien ça le problème et nous voulons faire quelque chose pour ne plus être en guerre avec toi. As tu une idée de ce qu'on pourrait faire pour cela ?
Eric : Je pourrais aller dans ma chambre et ne plus jouer avec les copains pendant deux jours.
Mère : Ce serait une vraie punition et nous ne voulons pas de ça.
Eric : Alors je sais pas.
Mère : J'ai quelques idées, nous allons les écrire et comme ça nous pourrons les examiner et peut être que toi et moi nous pourrons trouver ce qui serait bien pour nous deux.
Eric : Ok.
Mère : Que penserais tu de faire une liste des légumes que tu aimes et une de ceux que tu n'aimes pas ?
Eric : Oui, fais ça !
Mère : Tu penses que c'est une bonne idée ?
Eric : Oui !
Mère : D'accord, dis-moi ce que tu aimes et je l'écris.
Eric : Bien ! (Il court vers le placard et choisit des boites de conserves de légumes.) Ceux là, maman !
Mère : D'accord, regardons ce que c'est : haricots verts et maïs en grain, c'est ça ?
Eric : Oui, et j'aime aussi la laitue, et j'aime quand tu mélanges les oignons et concombres avec la salade. (A mesure qu'il les énumérait, je les lui répétais.)
Mère : D'accord. Rien d'autres ?
Eric : Oui, quand ils ne sont pas cuits, j'aime les carottes et le chou.
Mère : D'accord. Que dirais tu si on faisait une liste des légumes crus ?
Eric : Ouais !
Mère : Tu es d'accord.
Eric : Et là maman (il désigne un endroit sur la feuille de papier), une autre liste de ce que je n'aime pas. (Il commence à me dicter). Eric n'aime pas les pois, ni les carottes.
Mère : D'accord. (J'ai alors tout relu et il a dit que tout était correct.)
Eric : Maman, écris (il s'est remis à dicter) : Maman n'oublie pas ce qu'Eric aime et ce qu'il n'aime pas. (J'ai répété et écrit mot pour mot ce qu'il me dictait)
Mère : D'accord, et aussi : "Eric mangera ce qu'il aime et qui se trouve sur la liste des choses qu'il aime" sans que papa et maman aient à lui dire de les manger. Est ce que tu t'engages à cela ?
Eric : C'est quoi "s'engager" ?
Mère : Ca veut dire que tu comprends ce que j'ai dit et que tu es d'accord.
Eric : D'accord, je m'engage !
Mère : Où allons-nous afficher tout cela ?
Eric : Là-dessus (il montre le placard). Tu pourras le voir chaque jour.
Mère : D'accord. (Et j'ai laissé Eric le fixer lui-même)
Eric : Bonne idée, maman !
(Nous nous sommes souris et il est allé tout gaiement regarder son émission.)
La clé du succès de cette méthode sans perdant est d'exécuter les 6 étapes. Il n'est pas toujours nécessaire de les exécuter à la suite, mais il est très important de passer par chacune des étapes.
Inspiré du livre "Parents Efficaces au quotidien" de Thomas Gordon
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