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  • Photo du rédacteurLes Ateliers Gordon

L'Express - L'atelier où les parents apprennent à écouter

Par Delphine Saubaber - L'express (10/05/2015)


La méthode Gordon fait des émules chez les parents qui souhaitent rétablir le dialogue avec leurs enfants. Travaux pratiques à Rumegies (Nord), où des mères de famille s'entraînent à la "résolution des conflits".


Quand, le vendredi soir, Géraldine rentre de son atelier de parentalité à Rumegies (Nord), à quarante-cinq minutes de voiture de chez elle, ses six enfants, de 2 à 16 ans, ne cachent pas leur soulagement. "Ils aiment vraiment bien le week-end qui suit mon cours Gordon", relate, avec un immense sourire, cette jolie rousse de 38 ans. Il y a encore six mois, personne dans la fratrie n'avait jamais entendu parler de Thomas Gordon, un psychologue américain. Depuis, à la maison, Géraldine a appris à choisir ses batailles, cessé de courir après un paradis perdu, celui de la mère idéale, et les décibels grimpent nettement moins dans les étages. L'"écoute active", fondée sur l'empathie, et la "relation win-win" (gagnant-gagnant) dispenseraient-elles leurs bienfaits? 


Prendre en compte l'enfant dans sa globalité


A première vue, la terminologie gordonnienne puise beaucoup dans le management "fondé sur la collaboration". Exit le modèle pyramidal, les rapports traditionnels de domination où l'on manie récompenses et punitions comme autant d'instruments de contrôle du comportement. Son expérience de consultant et sa pratique de psychologue ont permis à Thomas Gordon d'établir des liens entre les relations managers-collaborateurs et parents-enfants. Dès 1962, cet ancien élève du psychologue Carl Rogers a ainsi l'idée de développer un programme de formation à l'attention des parents, histoire de leur transmettre les "compétences" requises pour une meilleure communication en famille. A partir de là, il publie, en 1970, un manifeste, Parents efficaces. Tout un programme. 

C'est après avoir lu cet ouvrage que Sandra, jeune mère de trois bambins tout emmitouflée de timidité, a décidé de venir ce vendredi soir, comme Géraldine, à Rumegies. La nuit enveloppe la maison d'Amandine Duffée, la formatrice, qui accueille dans son salon une petite dizaine de mamans. Chips et apéro autour de la table basse, tableau paperboard au coin de la cheminée. On vient ici quand on ne sait plus que dire à sa pétroleuse de 17 ans qui confond le salon avec un souk et qui vit greffée à son smartphone. Ou lorsque Maia, 3 ans, rechigne chaque soir à aller au lit. Entre autoritarisme et laxisme, il y a bien une troisième voie, oui, mais laquelle? Un temps, Amandine Duffée a elle-même été désarmée face au "burn-out" scolaire de sa grande. Cette ancienne enseignante a fui les méthodes formatées de l'Education nationale, "où les professeurs sont là avant tout pour évaluer et sanctionner", pour aborder les rivages de Montessori et de Gordon, "qui prennent beaucoup plus en compte l'enfant dans sa globalité". Aux mères (on cherche les pères) qui viennent poser leur désarroi ou simplement leurs questions sur un coin de table, elle ne promet pas de "clefs en main" ni de thérapie collective, mais simplement la possibilité, avec le temps, d'instaurer une relation différente avec leurs enfants. Et de déplacer certains angles de vue. "Je me suis appliqué à moi-même la méthode Gordon, dit-elle. J'ai découvert que, quand ma fille pleurait, je voulais juste qu'elle arrête. J'ai compris ensuite seulement ce qui se cachait derrière cela. Une fois qu'on a décelé le besoin et le problème réel, il est plus facile de mettre en place des solutions pour y répondre." 



Eplucher les problèmes comme des oignons


En dix "ateliers parents" de deux heures et demie à Rumegies (ou deux week-ends pleins), tout peut changer. Grâce à des principes simples (en apparence), qui reprennent, notamment, ceux d'Abraham Maslow, le père de l'approche humaniste sur la satisfaction des besoins, et qui ouvrent sur une "résolution des conflits". L'enfant a un problème? L'"écoute active" permettra de l'entendre avec attention, en accueillant non seulement ce qu'il dit, mais aussi ce qu'il ressent et ses besoins. Et cela sans chercher immédiatement à lui imposer une solution. "Le parent reformule ce qu'il entend, ou ce que l'enfant pense, sa réponse est simplement un reflet du message transmis", explique Amandine Duffée. Exemple: un gamin refuse d'aller à l'école. "On s'imagine que le problème se joue sur le terrain scolaire. Mais cela peut aussi vouloir dire, si l'on pratique l'écoute active, en épluchant les réponses successives, un peu comme un oignon, que le coeur du souci réside dans le fait que l'enfant, sachant que sa mère ne va pas bien, ne veut pas la laisser seule." 


La méthode Gordon fait des émules chez les parents qui souhaitent rétablir le dialogue avec leurs enfants. Travaux pratiques à Rumegies (Nord), où des mères de famille s'entraînent à la "résolution des conflits".

Quand, le vendredi soir, Géraldine rentre de son atelier de parentalité à Rumegies (Nord), à quarante-cinq minutes de voiture de chez elle, ses six enfants, de 2 à 16 ans, ne cachent pas leur soulagement. "Ils aiment vraiment bien le week-end qui suit mon cours Gordon", relate, avec un immense sourire, cette jolie rousse de 38 ans. Il y a encore six mois, personne dans la fratrie n'avait jamais entendu parler de Thomas Gordon, un psychologue américain. Depuis, à la maison, Géraldine a appris à choisir ses batailles, cessé de courir après un paradis perdu, celui de la mère idéale, et les décibels grimpent nettement moins dans les étages. L'"écoute active", fondée sur l'empathie, et la "relation win-win" (gagnant-gagnant) dispenseraient-elles leurs bienfaits? 


Prendre en compte l'enfant dans sa globalité


A première vue, la terminologie gordonnienne puise beaucoup dans le management "fondé sur la collaboration". Exit le modèle pyramidal, les rapports traditionnels de domination où l'on manie récompenses et punitions comme autant d'instruments de contrôle du comportement. Son expérience de consultant et sa pratique de psychologue ont permis à Thomas Gordon d'établir des liens entre les relations managers-collaborateurs et parents-enfants. Dès 1962, cet ancien élève du psychologue Carl Rogers a ainsi l'idée de développer un programme de formation à l'attention des parents, histoire de leur transmettre les "compétences" requises pour une meilleure communication en famille. A partir de là, il publie, en 1970, un manifeste, Parents efficaces. Tout un programme. 

C'est après avoir lu cet ouvrage que Sandra, jeune mère de trois bambins tout emmitouflée de timidité, a décidé de venir ce vendredi soir, comme Géraldine, à Rumegies. La nuit enveloppe la maison d'Amandine Duffée, la formatrice, qui accueille dans son salon une petite dizaine de mamans. Chips et apéro autour de la table basse, tableau paperboard au coin de la cheminée. On vient ici quand on ne sait plus que dire à sa pétroleuse de 17 ans qui confond le salon avec un souk et qui vit greffée à son smartphone. Ou lorsque Maia, 3 ans, rechigne chaque soir à aller au lit. Entre autoritarisme et laxisme, il y a bien une troisième voie, oui, mais laquelle? Un temps, Amandine Duffée a elle-même été désarmée face au "burn-out" scolaire de sa grande. Cette ancienne enseignante a fui les méthodes formatées de l'Education nationale, "où les professeurs sont là avant tout pour évaluer et sanctionner", pour aborder les rivages de Montessori et de Gordon, "qui prennent beaucoup plus en compte l'enfant dans sa globalité". Aux mères (on cherche les pères) qui viennent poser leur désarroi ou simplement leurs questions sur un coin de table, elle ne promet pas de "clefs en main" ni de thérapie collective, mais simplement la possibilité, avec le temps, d'instaurer une relation différente avec leurs enfants. Et de déplacer certains angles de vue. "Je me suis appliqué à moi-même la méthode Gordon, dit-elle. J'ai découvert que, quand ma fille pleurait, je voulais juste qu'elle arrête. J'ai compris ensuite seulement ce qui se cachait derrière cela. Une fois qu'on a décelé le besoin et le problème réel, il est plus facile de mettre en place des solutions pour y répondre." 


Eplucher les problèmes comme des oignons


En dix "ateliers parents" de deux heures et demie à Rumegies (ou deux week-ends pleins), tout peut changer. Grâce à des principes simples (en apparence), qui reprennent, notamment, ceux d'Abraham Maslow, le père de l'approche humaniste sur la satisfaction des besoins, et qui ouvrent sur une "résolution des conflits". L'enfant a un problème? L'"écoute active" permettra de l'entendre avec attention, en accueillant non seulement ce qu'il dit, mais aussi ce qu'il ressent et ses besoins. Et cela sans chercher immédiatement à lui imposer une solution. "Le parent reformule ce qu'il entend, ou ce que l'enfant pense, sa réponse est simplement un reflet du message transmis", explique Amandine Duffée. Exemple: un gamin refuse d'aller à l'école. "On s'imagine que le problème se joue sur le terrain scolaire. Mais cela peut aussi vouloir dire, si l'on pratique l'écoute active, en épluchant les réponses successives, un peu comme un oignon, que le coeur du souci réside dans le fait que l'enfant, sachant que sa mère ne va pas bien, ne veut pas la laisser seule." 


Expliquer la situation telle qu'on la ressent, sans blâmer ni juger


L'atelier Gordon aide l'adulte à s'affirmer, à substituer au "message-tu" - prescriptif, qui agresse et consiste avant tout à vider son sac ("Tu devrais faire ceci ou cela") - le "message-je"; on décrit les faits puis on explique à l'enfant ce que l'on ressent, mais sans le blâmer ni le juger. Cela permet d'affirmer ses besoins de parent tout en responsabilisant sa progéniture. Et de poser des règles, si nécessaire. 


Voici justement l'heure des jeux de rôle, dans le salon d'Amandine. Vautrée sur le canapé, Géraldine imite son ado affalé au retour du lycée, tandis que Sylvie, elle, mime la mère. L'idée est d'apprendre, pour l'une, à quitter le champ de l'émotionnel et à "envoyer un message-je en tant que parent", et pour l'autre, à se glisser, une fois n'est pas coutume, dans la peau de son rejeton. Grand moment de jouissance pour Géraldine, qui envoie allègrement paître sa mère de substitution. Puis se rend peu à peu à ses arguments, quand les cris tombent: "D'un côté, je ne me rendais pas compte que mon fils pouvait se comporter ainsi parce qu'il est juste fatigué, en poussée de croissance, et de l'autre, j'ai moi aussi appris à poser des limites, tout en formulant les choses différemment afin qu'il ne soit pas acculé à une attitude d'opposition, confie-t-elle, en aparté. C'est autrement plus compliqué de chercher à entendre le message de l'autre et son besoin, plutôt que de partir en vrille." Bilan: Géraldine va relever son "seuil de tolérance", qui commençait à friser dangereusement le plancher. Claire, quant à elle, raconte qu'au retour des ateliers elle dort mal, après ce remue-méninges qui remet en question toute sa communication, y compris avec les adultes. Son mari, lui, s'en félicite: "Quand on se dispute, on voit que tu as appris de Gordon." 


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