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  • Photo du rédacteurLes Ateliers Gordon

"Éducation positive : le grand malentendu ?" paru dans La Vie

Des parents bienveillants conduiraient-ils à forger des enfants rois ? En réalité, si l’éducation positive invite les parents à changer de posture, elle ne relève en rien du laxisme. Retour aux sources.


Publié le 16/06/2023 par Stéphanie Combe Dans le magazine La Vie



Oui, elle bouleverse la vision de l’éducation. Non, elle n’engendre pas des enfants tyrans. L’éducation dite positive (voir ci-dessous) n’est pas un label. « Chacun se l’approprie et projette sa propre vision », concède la coach parentale Charlotte Ducharme, dont l’ouvrage Cool Parents Make Happy Kids (Marabout), traduit en six langues, s’est vendu à 60 000 exemplaires. « Elle se situe en opposition avec l’éducation dite traditionnelle, qui crée un rapport de force entre parents et enfants. »


Troisième voie éducative


Une évolution sociétale à ses yeux : « En politique, on s’est défait de la monarchie pour la démocratie ; dans la vie professionnelle, la hiérarchie est moins mise en avant, en faveur du collectif ; de manière générale, la femme n’est plus soumise à l’homme. »


L’éducation n’échapperait pas à ce mouvement général : « Ce courant est novateur, dans la mesure où l’enjeu n’est plus dans l’obéissance et la soumission de l’enfant, mais dans la compréhension des besoins de chacun, ceux des enfants comme ceux des parents. Plutôt que d’obéir à des ordres, se soumettre aux plus forts ou aux plus menaçants, nous préférons élever des êtres capables de réfléchir par eux-mêmes, de se respecter et de respecter les autres. »


En d’autres termes, l’éducation devient plus démocratique et horizontale. Pour autant, dans l’intérêt de l’enfant et de la société, mieux vaut qu’elle évite l’anarchisme, en veillant notamment à inculquer des règles : respecter des horaires, faire ses devoirs, différer un plaisir… C’est ainsi qu’une troisième voie éducative se dessine, ni autoritariste, ni laxiste.


Un peu d’histoire


Au début du XXe siècle, certaines théories freudiennes basées sur la nature mauvaise de l’être humain ont conduit les tenants du courant psychanalytique à considérer que « l’éducation doit inhiber, interdire, réprimer… », comme l’a écrit Sigmund Freud (1856-1939), afin que l’enfant maîtrise ses pulsions.

À partir de la seconde moitié du XXe siècle, les progrès de l’imagerie médicale ont permis de mieux appréhender l’activité cérébrale, la maturation du cerveau, et notamment l’incidence des émotions. En se basant sur ces découvertes, les neurosciences affectives et sociales considèrent que l’être humain est avant tout un mammifère doué d’empathie, qu’il a besoin de sécurité pour grandir et s’épanouir, de nourrir un sentiment d’appartenance, de coopérer. Selon que l’on est adepte de l’un ou de l’autre courant, l’attitude parentale change évidemment du tout au tout.


S’appuyant sur une vision positive de l’homme, un courant dit humaniste va également émerger en psychologie. Docteur en psychologie clinique, Carl Rogers (1902-1987) a ainsi révolutionné l’approche thérapeutique, en la centrant sur la personne, en partant du postulat que ses patients ont la solution en eux ; dès lors, il suffit de les aider à cheminer. Sa méthode non directive a été introduite en France dans les années 1950.


Parmi ses élèves, deux psychologues :

  • Marshall Rosenberg (1934-2015), qui a théorisé la communication non violente (CNV) et

  • Thomas Gordon (1918-2002), auteur du best-seller Parents efficaces, publié en 1962 (traduit en français par les éditions Marabout, en 2006), vendu à plus de six millions d’exemplaires dans le monde. L’approche Gordon se diffuse en France dans les années 1980.

« Thomas Gordon a créé il y a plus de 60 ans les Ateliers parents (Parents efficaces ou Parent Effectiveness Training), précise Nathalie Reinhardt, cofondatrice des Ateliers Gordon France, un programme novateur destiné à développer des relations plus harmonieuses en famille et à démocratiser des techniques de communication développées en cabinets par des psychologues humanistes ».


Écouter et s’affirmer pour trouver des solutions


Docteur en psychologie, Thomas Gordon a mis au point la révolution du « win-win », c’est-à-dire une résolution de conflit sans perdant, basée sur un équilibre entre l’écoute, l’affirmation de soi et une recherche commune de solutions. « Il a notamment inventé le “message-je” d’affirmation de soi, qui sera repris dans toutes les approches d’assertivité, de feedback, pour permettre aux parents – nouvellement outillés en écoute – de s’affirmer à leur tour et de créer les conditions pour être écoutés par leurs enfants », poursuit Nathalie Reinhardt.


Car, à force de vouloir faire plaisir aux autres, par peur du conflit ou par souci d’harmonie, certaines personnes finissent par taire leurs propres désirs et par subir. Ainsi, des parents pélicans ayant pris le pli de satisfaire les envies de leurs enfants, en viennent à se faire tyranniser.


Ce « message-je » permet précisément de se reconnecter à ses besoins et de développer son assertivité, dans la bienveillance. Parmi les différents outils qu’il propose, Thomas Gordon a aussi élaboré la « fenêtre des comportements », qui permet de réagir de manière adaptée à toute situation : si je suis dans le rouge et l’autre dans le vert : message-je. Si l’autre est dans le rouge et moi dans le vert : écoute. Si tous les deux sommes dans le rouge : résolution de conflit. Si tous les deux sommes dans le vert : communication pour renforcer encore la relation – appréciation, prévention, révélation, etc. Ces outils de communication interpersonnels sont valables dans tous les domaines, qu’ils soient personnels ou professionnels.


« 95 % des situations peuvent être réglées sans sanction, par l’affirmation de soi et l’écoute de l’enfant », assure Nathalie Reinhardt. Mais cet art requiert un certain entraînement : « Face aux émotions de l’enfant, à cause de nos neurones miroirs, notre empathie peut devenir de la sympathie, souligne-t-elle. L’empathie est une présence : elle accepte que l’enfant soit en colère, par exemple, alors que le parent est lui-même dans un autre ressenti. Cette attitude sécurise l’enfant. Si le parent accueille l’émotion, il ne modifiera pas pour autant la limite. Certains parents, pris aux tripes par les pleurs de leur enfant, versent dans la sympathie et peuvent céder. Or l’enfant a besoin d’être confronté à des limites claires, d’entendre les besoins des autres et d’apprendre à trouver une solution qui puisse satisfaire tout le monde. » Tenir compte de la réalité et des autres fait partie des enjeux éducatifs.



 

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